Ton accordéon me fatigue Yvette, si tu jouais plutôt de la clarinette

Publié le par Les Nouvelles de Bigorre

Ton accordéon me fatigue Yvette, si tu jouais plutôt de la clarinette

Comme beaucoup de ceux qui comme moi furent baptisé au rock'n'roll, j'ai chanté ce refrain et m'en suis délecté.  A l'heure où déjà on nous déversait les pires horreurs musicales dans les médias je détestais le côté ringard d'Yvette Horner et de son accordéon. Pour autant en grandissant je me surprenais à ressentir de plus en plus de sympathie pour le  personnage et par dessus tout son excentricité.

Nous étions dans les années punks et Yvette avait un côté Nina Hagen qui me séduisait.

Il y eut aussi deux rencontres dans ma vie qui me firent réviser mon ressentiment à l’égard de la tarbaise.

La première fut une soirée avec Denis Charolles batteur de Little Bob à l'époque et qui « était tout excité a l’idée d'enregistrer des thèmes de jazz et de rock avec Yvette. La production avait, sans trop y croire, demandé à l'accordéoniste son accord, elle avait  répondu  « oui ».  Car Horner avait de l'accordéon une vision résolument moderne, musette certes, mais aussi rock'n'roll et Jazz !!

Elle aimait repousser les limites traditionnelles de cet instrument et je l'ai entendue avec délectation interpréter Bach  sur la scène du parc des expositions de sa bonne ville.

Ma deuxième grande émotion fut lors qu’enfin je pouvais la  rencontrer et passer plusieurs jours avec elle. Je précise que ce furent des jours platoniques, je veux ainsi rassurer Bernard Latger qui toute sa vie fantasma sur l'artiste et dont on dit qu'il aurait au dessus de son lit, son portrait grandeur nature aux côtés de celui de Maïté.

Si ce fameux « piano à bretelle » porte ancré dans notre imaginaire l'imagerie populaire de toute une génération, le personnage l'était tout autant. Accessible, généreux, toujours prompt à raconter ses souvenirs prestigieux. La vie d'Yvette fut une vie de travail, de dure besogne, des heures entières à refaire les mêmes notes afin d'en atteindre la perfection. Des heures et des années à, comme elle me le confia, s'abimer le dos, avec le poids de son instrument en bandoulière rivé comme son sourire qui désormais fais partie de la mémoire populaire.

 

Pierre Domengès

Publié dans Société

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