Une histoire d’Angelita et de Pepe, des amoureux du siège de Madrid sous les bombes de la Guerre d'Espagne.

Publié le par Les Nouvelles de Bigorre

IL Y A 80 ANS : LA FIN DE LA GUERRE CIVILE ESPAGNOLE

Une histoire d’Angelita et de Pepe, des amoureux du siège de Madrid

sous les bombes de la Guerre d'Espagne.

 

31 mars 1939, Madrid tombe définitivement entre les mains des troupes franquistes. La jeune République espagnole n'a plus que quelques heures à vivre. 

Madrid est la dernière ville espagnole qui résiste encore à Franco. C'est la fin d'un siège qui aura duré 3 ans. Elle aura été prise en tenaille aux quatre extrémités de la ville dès les premières semaines  de la Guerre Civile, une guerre qui éclate le 18 juillet 1936, par quatre colonnes franquistes qui tentent de percer le front de Madrid et pénétrer ainsi dans la capitale du pays, symbole de la résistance acharnée au coup d'État, et de renverser ainsi définitivement le gouvernement démocratique. Une cinquième colonne (l'expression naît ici, à Madrid, de la bouche du général fasciste Mola qui appelle les Madrilènes à la rejoindre, et passera dans le langage courant) parvient à essaimer à l'intérieur même de la ville, composée de personnages occultes qui  passent inaperçus et s'infiltrent au sein de la population madrilène, tels des informateurs à la solde de Franco, des saboteurs, des délateurs. Mais, Madrid résiste. Et elle résistera pendant les 3 années de la guerre. 

Le siège est féroce. Très rapidement, plus rien ne rentre ni ne sort de la ville, hormis les combattants républicains. Parmi eux se trouve Pepe, l'Andalou, un jeune de 20 ans engagé volontaire dans l'une des milices républicaines qui se sont rapidement constituées dans la capitale, puis, par la suite au sein de la 107 Compañía de Guardias de Asalto, un corps d'élite destiné à défendre la jeune République. Pepe combat sur les multiples fronts de Madrid, sous le commandement de La Pasionaria, notamment : la Sierra de Guadarrama, el Puente de los Franceses, la Cuesta de la Reina.

A l'intérieur de la ville, la résistance s'organise avec toujours plus d'intensité et de détermination. Des réunions, le plus souvent clandestines (la cinquième colonne rode...), se tiennent dans les caves. Angelita, une jeune madrilène de 15 ans, érudite et engagée dans la cause républicaine, se jette corps et âme avec passion dans l'organisation de ses rencontres politiques qu'elle anime avec verve. Elle ira jusqu'à demander au Premier Ministre Francisco Largo Caballero, surnommé "El Lenín español" (le Lénine espagnol), de lui consacrer une entrevue. Elle se tiendra dans les bureaux du chef du gouvernement. Très rapidement, la rhétorique dont fait preuve l'adolescente et l'art avec lequel elle manie la plume sont particulièrement appréciés par les communistes madrilènes et forcent l’admiration de tous ces hommes. Elle rédige des discours politiques enflammés pour "los camaradas" et harangue les foules. Au cours de l'une de ces réunions, Angelita, la jeune fille déterminée, rencontre le bel Andalou, "el camarada Pepe". C'est le début d'une histoire d'amour qui traversera la guerre, puis l'exil, avec douleur...

Madrid agonise lentement. Les pénuries de nourriture accablent la population. On mange tout ce qui peut l'être. Nombreux sont ceux qui vont jusqu'à sacrifier leurs chiens, leurs chats, à se rendre aux cimetières pour y cueillir l'herbe qui pousse autour des tombes, c'est là l'ultime refuge de la végétation dans une ville écrasée sous le feu incessant des obus de l'aviation franquiste, inlassable. Le petit immeuble où résident Angelita et Pepe, désormais jeunes mariés, "el 7 de la calle Ferrocarril", modeste construction typique de Madrid avec sa "corrala", est surnommé "la casa de los obuses" (la maison des obus), par les habitants du quartier et bien au-delà, tant il est la cible des bombardements incessants de l'aviation franquiste. Comme s'il représentait une cible stratégique. Comme si les obus se convertissaient en un membre supplémentaire de la famille, un membre qui s'invite sans crier gare. A la fin de la guerre, le nid des amoureux criblé d'orifices toujours plus béants s'effondrera, à l’image de cette République qu’il avait soutenue jusqu’au dernier souffle...

Barcelone est tombée le 10 février 1939. Toute la puissance de feu de l'armée franquiste peut, désormais, s'abattre, sans pitié sur la capitale du pays. C'est une guerre totale qui s'abat sur Madrid. L'ultime symbole de la démocratie et de la lutte contre tous les fascismes n'en réchappera pas. "Madrid será la tumba del fascismo"...

Le 1er avril 1939, la bête a gagné la guerre civile. La République n'est plus. La chasse aux sorcières, les persécutions contre les communistes peuvent, dès lors, tisser leur toile dans la ville rebelle. Désormais, La terreur a donné rendez-vous aux combattants de l'espoir que sont Angelita et Pepe... Mes grands-parents…

 

Ricardo TOMÉ

Une histoire d’Angelita et de Pepe, des amoureux du siège de Madrid sous les bombes de la Guerre d'Espagne.

Publié dans Histoire

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